Chemsex: drogues, sexe, plaisir, addiction

Le chemsex, contraction de chemicals et de sex en anglais, désigne l’usage de produits psychoactifs illicites à des fins purement sexuelles, dans l’objectif d’avoir un certain type de rapport. 

Le chemsex répond, entre autres, à :

  • Une recherche accrue du plaisir ;
  • Au besoin de se désinhiber (comme lorsque l’on consomme de l’alcool) ;
  • Au besoin de rencontrer des groupes partageant les mêmes pratiques ;
  • Au besoin d’avoir des relations sexuelles sans pression. 

Différents produits psychoactifs illicites peuvent être (poly-)consommés dans le cadre du chemsex. Sa pratique peut donc comporter des risques de transmission de virus, de développer des addictions et conduire à l’isolement. 

Comment se protéger, respecter le consentement de ses partenaires, prendre soin de soi et des autres ? S’informer, prévenir, être soutenu et accompagné est indispensable.

Certains discours médiatiques et politiques tendent à stigmatiser les chemsexeurs. Ces jugements de valeur ne reposent sur aucun constat argumenté et nuisent à l’estime qu’ils ont d’eux-mêmes, à leur capacité à mieux se protéger et les éloignent du soin. Lorsqu’on parle de chemsex, il ne s’agit ni de faire la promotion de l’usage de produits ni de juger les personnes. Mon rôle en tant que sexothérapeute est de vous accompagner à la réduction des risques lié à la consommation et veiller à votre qualité de vie et de votre santé.

Prendre en compte les addictions à la sexualité et l’hypersexualité

Le chemsex et plus largement la sexualité dans la communauté gay, se caractérisent par la performance. La consommation accrue de contenus pornographiques, la multiplication des expériences sexuelles, l’utilisation d’outils virtuels et la facilité de rencontres sexuelles sont des marqueurs clés bénéfiques comme délétères pour les personnes.

Si pendant au moins six mois, il y a:

→ une perte de temps importante en lien avec des comportements sexuels interférant avec des buts non sexuels (activités, couple, travail, famille…) ; par exemple, regarder du porno de vient une activité centrale ;

→ la personne s’engage de façon répétée dans des activités sexuelles en réponse à un état émotionnel dysphorique. Par exemple, l’activité sexuelle est devenue une stratégie rigide pour réguler son humeur ;

→ la personne s’engage de façon répétée dans des activités sexuelles en réponse à des événements stressants ;

→ des tentatives infructueuses de réduire ou d’arrêter son comportement sexuel ;

→ une perte de contrôle après plusieurs jours d’arrêt

→ la poursuite du comportement sexuel malgré des risques physiques et/ou émotionnels et/ou sociaux ;

→ des comportements sexuels fréquents et intenses ;

→ un dysfonctionnement personnel significatif dans différents aspects de la vie de la personne.

Il est temps de consulter.

Vous trouvez-vous souvent préoccupé(e) par des pensées sexuelles ? Cachez-vous certains de vos comportements sexuels à votre entourage (partenaire de vie, famille, ami(e)s proches…) ? Avez-vous déjà recherché de l’aide pour un comportement sexuel que nous n’appréciez pas faire ? Est-ce que quelqu’un a déjà été heurté/blessé émotionnellement à cause de votre comportement sexuel ? Vous sentez-vous contrôlé par votre désir sexuel ? Vous sentez-vous triste après être passé à l’acte sexuellement (rapports sexuels, internet, autres) ?

Accompagner vers une sexualité sans produits

« Le plus dur c’est de retrouver une libido après »

Pour certains chemsexeurs, choisir l’arrêt des consommations leur permet de trouver plus de temps pour réaliser d’autres activités, de (re)trouver des plaisirs sexuels, d’établir (à nouveau) des liens affectifs et sociaux, de se (re)connecter avec son environnement de vie. Le chemin vers une sexualité sans produits peut être long et complexe. Il est donc impor tant d’être accompagné.e.

→ l’arrêt des consommations n’est pas la solution unique, mais fait partie d’un panel de possibilités, dont la condition est l’envie et la motivation du chemsexeur ;

→ renouer avec une sexualité sans produits est un processus long, il faut donc insister sur la temporalité ;

→ des rechutes sont possibles : elles font partie de l’accompagnement et n’en marquent pas l’échec. Il est important de pouvoir en parler librement avec la personne, dans un cadre bienveillant, et de voir quelles actions elle souhaite mener derrière à l’issue d’une rechute.

Le chemsex possède la particularité d’interroger dans le même temps l’usage des substances psychoactives et les scripts de la sexualité.

Dans la mesure où le chemsex s’inscrit dans des problématiques complémentaires mais différentes (addictologiques et sexologiques), l’accompagnement et l’offre de soins nécessitent un suivi dans la durée. D’un point de vue psychothérapeutique, une triple approche psycho-addicto-sexologique sera particulièrement préconisée. La sexoanalyse, l’approche psychocorporelle et l’ensemble les thérapies cognitivocomportementales y trouvent toute leur place (entretien motivationnel, balance décisionnelle, technique de changement et de maintien d’action, thérapie de l’ACT, Mindfulness, EMDR…)

L’accompagnement thérapeutique peut permettre aux chemsexeurs d’investir et de découvrir les caractères sexuels secondaires de leur corporalité (rappelons que l’ensemble du corps possède des facultés érogènes) au-delà des caractères sexuels primaires (zone génitale, pénis, testi cules). L’apprentissage de la dégénitalisation, la reterritorialisation des plaisirs – par la pratique du slow-sex notamment – ou encore l’analyse des fantasmes et des pratiques/représentations qui en découlent, sont de bons outils sexologiques en matière de réduction des risques et de redéfinition de soi. Ils permettent une reprise de confiance corporelle et relationnelle.

Enfin, la question du consentement reste un enjeu majeur. Lorsque l’usage de substances accompagne la sexualité, la notion de consentement n’est pas aisée à discerner, ni à respecter. L’information et la sensibilisation en matière de consentement dans un cadre de chemsex demeure également une priorité.

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