
Le clitoris, organe souvent oublié par les textes contemporains de médecine et notamment par les manuels didactiques, devient un objet paradigmatique s’il est considéré au prisme de l’histoire.
SON HISTOIRE
Remis au centre par le féminisme occidental contemporain à partir notamment des années 2000 (dans le monde francophone on pense notamment au travail d’Odile-Fillod, le clitoris a peu bénéficié de travaux contemporains en médecine. Pourtant il est sans cesse (re)découvert par la médecine qui lui octroie à chaque fois des caractéristiques anatomiques et physiologiques. Georg Ludwig Kobelt (1804-1857) est souvent mentionné pour ses dessins du clitoris très détaillés, toutefois il n’était pas le premier médecin à se consacrer à l’anatomie de cet organe.
D’objet scientifique reconnu…
Ce sont surtout les médecins anatomistes des XVIe et XVIIe siècles qui, lors de leurs dissections des cadavres, ont produit des planches sur le clitoris. Nous ne savons toujours pas, car il manque un travail exhaustif sur la question, s’ils étaient les premiers. Nous savons, grâce à la contribution de Mandressi à l’histoire du clitoris, dans son introduction à Le Regard de l’anatomiste, dissections et invention du corps en Occident (Mandressi, 2003), que déjà au XVIe siècle le clitoris avait été au centre des disputes médicales pour savoir qui l’avait découvert en premier et d’où provient à l’origine le terme clitoris.
Et il est certain qu’à cette époque et jusqu’à encore à la moitié du XVIIIe siècle, le clitoris avait une autonomie d’objet scientifique, notamment à cause de son rôle dans la physiologique de la reproduction. Pour certains médecins, déjà depuis l’Antiquité, le plaisir sexuel de la femme était indispensable pour la fécondation. La découverte de la presque immobilité de l’utérus et des trompes, qui, à des moments différents de l’histoire de la médecine, étaient censés aspirer les « animalcules » – et encore plus la découverte de la motilité des spermatozoïdes (1875), rendent l’appareil génital féminin moins intéressant, du moins du côté de la reproduction.
… à organe insignifiant
C’est à partir de la seconde partie du XVIIIe siècle et notamment au cours du XIXe siècle que le clitoris devient un organe insignifiant. C’est une époque où la médecine, nouvelle alliée du politique, bâtit une nouvelle hiérarchie entre les corps (hommes/femmes; hétérosexuel·le·s/homosexuel·le·s; blanc·hes/non blanc·he·s, etc.) et donne une nouvelle légitimité scientifique à ces inégalités. C’est par ailleurs dans ce contexte que le clitoris fascine les médecins plutôt du côté de la pathologie: un trop grand organe –qui fait même douter de l’essence féminine– pourrait causer un grand nombre de maladies en lien avec la sexualité: la nymphomanie, par exemple. C’est là qu’on expérimente volontiers les chirurgies du clitoris, avec des amputations du clitoris. Il faut alors considérer la question de l’histoire du clitoris à l’intérieur d’une question plus générale autour de l’histoire du genre, du sexe et des sexualités.



Le clitoris est l’équivalent biologique femelle du pénis, dont me seul rôle connu est le plaisir sexuel féminin. Néanmoins, me clitoris reste beaucoup moins étudié que le pénis : en 2019, plus de 50000 études en sciences biomédicales sont publiés sur le pénis, mais seulement 2500 sur le clitoris.
Pour les femmes et les personnes ayant un vagin, les orgasmes sont le plus souvent dus la stimulation du clitoris, situé au-dessus de l’ouverture vaginale et de l’urètre. Le clitoris est la principale source du plaisir sexuel féminin, il est l’une des zones érogènes les plus sensibles en raison de sa forte concentration de terminaisons nerveuses (10 000!)
Le clitoris fait partie de la vulve, nom donné aux parties externes des organes génitaux féminins. Le vagin est le canal interne qui relie la vulve au col de l’utérus. La stimulation du clitoris peut se faire directement, par voie interne ( par le vagin ) et/ou par la stimulation des autres parties de la vulve. De nombreuses personnes ayant un vagin – même si elles apprécient et sont stimulées par les rapports sexuels avec pénétration – n’atteignent pas toujours l’orgasme lors des rapports sexuels. La stimulation directe du gland du clitoris ou du capuchon clitoridien est généralement nécessaire pour donner l’impulsion finale nécessaire à l’orgasme.


Où se trouve le clitoris ? Jetons un œil à l’anatomie.
Le clitoris n’est pas seulement la partie de votre vulve qui ressemble à un petit bouton. Le clitoris est composé de plusieurs parties :
- le gland
- le corps du clitoris
- la crura et les bulbes vestibulaires
Parties externes du clitoris
Le gland du clitoris est le nom de la partie externe du clitoris, celle que la plupart des gens appellent le « clitoris ».
Il a la taille d’un petit-pois et est situé au-dessus de l’urètre. Le gland est la zone la plus innervée du clitoris, il est donc extrêmement sensible au toucher.
Contrairement au reste du clitoris, le gland ne gonfle pas et ne grossit pas pendant la stimulation sexuelle, car il ne contient pas de tissu érectile (extensible).
Juste au-dessus ou sur le gland se trouve le capuchon clitoridien, qui est formé par les deux côtés des petites lèvres. La taille et la façon dont le capuchon clitoridien est couvert peuvent être très différentes d’une personne à l’autre.
Parties internes du clitoris
La plus grande partie du clitoris est en général invisible.
Le corps du clitoris est relié au gland du clitoris. Le corps du clitoris se prolonge jusque dans votre bassin et s’attache à votre pubis par des ligaments.
À partir du corps (situé devant l’urètre), le clitoris se divise en deux pour former les crura jumelés (qui sont comme les « jambes » du clitoris) et les bulbes du vestibule. Ces bulbes s’étendent à travers et derrière les lèvres, passant par l’urètre, le canal vaginal, et vers l’anus.
Les bulbes et les crura contiennent des tissus érectiles qui se gonflent de sang lorsque l’excitation monte. En se gonflant de part et d’autre du canal vaginal, ils augmentent la lubrification du vagin, tout en accroissant la stimulation et les sensations sexuelles. Cette expansion du tissu clitoridien peut également entraîner une pression sur la partie antérieure du canal vaginal.
Recherche sur le clitoris
Le clitoris – tant son anatomie que sa fonction – fait l’objet de vifs débats. Les tabous autour de la sexualité et de plaisir des femmes ont contribué à l’absence de recherche sur ces sujets. Mais au fur et à mesure que les tabous qui les entourent sont levés, on peut espérer que de nouvelles recherches permettront de mieux comprendre le clitoris. Mais certains chercheurs suggèrent qu’un « orgasme vaginal » serait en fait toujours lié au clitoris – car chaque mouvement pendant un rapport sexuel vaginal avec pénétration ou la contraction des muscles pelviens peut stimuler le clitoris. D’autres chercheurs suggèrent que le point G n’est pas nécessairement une véritable structure physique, mais plutôt l’endroit où les côtés des bulbes vestibulaires du clitoris entrent en contact avec la paroi antérieure du vagin.

Vulgariser la connaissance du clitoris
La promotion d’une meilleure connaissance du clitoris a conduit à des expressions artistiques. En 2012,Sophia Wallace lance un projet d’exposition virale nommé Cliteracy : 100 Natural Laws, le premier terme étant un mot-valise composé de « clitoris » et «litteracy ». Ce programme artistique pluridisciplinaire vise à une meilleure connaissance du corps féminin et plus particulièrement du clitoris, en brisant les tabous. En 2017, Laurence Dufaÿ expose à Bruxelles une sculpture géante d’un clitoris de deux mètres et demi afin de lutter contre son invisibilisation dans l’espace public, que l’artiste assimile à une « excision intellectuelle ».
En 2016, Odile Fillod en collaboration avec d’autres intervenants, réalise à des fins pédagogiques auprès de collégiens et lycéens, pour favoriser une représentation égalitaire des corps et des sexualités, un modèle numérique des plus précis de l’organe. Le fichier permettant la reproduction du modèle par imprimante 3D est par la suite librement mis à disposition.
À partir de 2017 en France et de 2019 au Québec, la représentation correcte du clitoris progresse dans les manuels scolaires.
Coucou, c’est moi, le clitoris, je suis là !
